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Garçon un pont !
Un café où je ne boirai jamais

mais qui me fait rêver.

Je découvre ce matin que la mercerie est en travaux. Elle a fermé il n'y a pas longtemps. N'en reste que le fronton. L'entreprise Dalibard, célèbre à Thiron et dans la région est à l'oeuvre. Un commerce de moins encore et une nouvelle habitation en perspective.
Je ressors mes cartes postales. Cette maison du bourg a une histoire comme toutes les autres du village et elle fut au moins l'emplacement de plusieurs commerces. Mais je n'ai pas eu le temps d'en faire exactement la chronologie.

Il y eu la BOUCHERIE-ROLLANS-JOLLY (avec peut-être la première grande publicité à Thiron pour la Belle Jardinière de Paris)
La photo ci-dessous est plus âgée car à côté on voit que GAUTHIER le CAFE FRANCAIS donne juste par trois marches sur la place et qu'à sa gauche il n'y a pas encore la boutique de la photo ci-contre d'un métier il y a longtemps disparu (je peux déchiffrer sur un autre document : L.BRISSE FERBLANTIER). La porte est devenue vitrine et on a aggrandi la porte contre le café.
.
Sur le bord gauche de la photo, on voit qu'il y a eu une autre enseigne qui se terminait par AIGNAN.
Peut-être à côté est-ce la ferblantière qui se tient sur les marches avec son tablier qui se doit blanc bien sûr!
On remarque que la fontaine est là encore mais d'un modèle plus ancien avec son balancier qui amorçait la pompe !
Mais ce qui m'intéresse aujourd'hui, et vous comprendrez pourquoi tout à l'heure, c'est qu'elle fut aussi un café nommé CAFE DU CENTRE.
Le bandeau peint en dessous laisse songeur : CHARPENTE COUVERTURE L.BRETEAUX MACONNERIE.
Peut-être que la femme tenait le café et que son mari avait un autre atelier...
La place avait de l'allure. Le café d'à côté a changé de propriétaire. Il s'est transformé en hôtel, il a le téléphone, une salle avec 8 billards d'académie et s'il vous plaît le chauffage central !
Il a installé une terrasse et un panneau vente la pêche et des " parcours de promenade" autour de l'étang de Sainte Anne.
C'est l'HOTEL de l'AGRICULTURE, tenu par Michel Cluzel. C'est de cette époque que doit dater l'image icone de ce journal (page index).
La concurrence est rude : en face il y a l'hôtel restaurant de la Croix Blanche tenu par Ferré, avec lui aussi 8 billards, le téléphone et il est indiqué " Confort moderne" !
On voit qu'à gauche de notre café du centre il y avait une épicerie.

Puis ce furent les temps modernes.
Les voitures envahirent la place et les rues,
la ferblanterie disparut.
L'hôtel de l'agriculture devint SUPAVAM,
l'hôtel d'en face Pharmacie,
la petite épicerie ferma,
et le CAFE DU CENTRE devint NOUVEAUTES
Alors quelle ne fut pas ma surprise, grâce au conseil d'un ami thironais aussi ému que moi par le patrimoine et l'histoire, de découvrir, et je remercie les ouvriers de m'avoir laissé entrer juste le temps de faire des photos/souvenir sur le chantier de démolition, que les murs du café étaient encore intacts et que le décor du café du centre était encore là !
Des peintures en très bon état, peintes directement sur le mur.

Mur de gauche :

Coin gauche et mur en face l'entrée :
Mur de droite en entrant :
...
La peinture de gauche est intéressante car le journal posé sur le rebord montre en gros le nom de Pontarlier et on peut lire sa date précise : 5 juin 1938.
Vérification faite il ne s'est rien passé de spécial ce jour-là à Pontarlier.
Je pense donc qu'il s'agit du nom de l'apéritif anisé confectionné en Franche-Comté, inventé en 1921 par Armand Guy, et que l'on mélangeait avec de l'eau (ce qui explique la bouteille de Pernod fils et la carafe)
Je pense donc que la date (5 juin 1938) indique la date de la peinture ou celle de l'ouverture du café. Le style des frises peintes est d'ailleurs typique de l'époque et de l'Art déco. Pour la petite histoire, il était toujours demandé dans les bistrots et troquets de la manière suivante : « Garçon, un Pont ».
Il existe une chanson souvent reprise à partir d'un certain nombre de "tournées" mais qui ne date que de 1976. On ne l'a sans doute jamais entendu au café du Centre :
Boire un Pont
Pour de bon,
Lui donner un glaçon,
Le renverser
Dans son gosier
Boire un Pont,
C'est très bon !

Boire deux Ponts, etc.
Je vous en fait grâce, cela se chante sur l'air du refrain de la chanson de 1976 "Faire un pont" de Dick Rivers adaptée de Take me home, country roads de John Denver. !
Je ne plaisante pas, vous pouvez vérifier sur You tube !
De toute façon le patrimoine ça ne nous rajeunit jamais.